
September 05, 2022
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Photo prise lors la visite guidée de Le Paradis Haitien à la Fondation Devoir de Mémoire Haiti. | 12 Avril 2025
Dans une démarche citoyenne empreinte de devoir de mémoire, Le Paradis Haïtien (LPH), en collaboration avec la Fondation Devoir de Mémoire, a organisé une journée historique et culturelle de grande envergure. Intitulée « Journée de Mémoire et de Réflexion », cette initiative, placée sous le thème évocateur « Devoir de mémoire : revisiter les exactions et les actes barbares des Tontons Macoutes en Haïti », a ouvert un espace puissant de réflexion, de partage et de transmission intergénérationnelle. Une démarche essentielle pour que jamais ne s'effacent les sombres heures de la dictature.
Le régime des Duvalier, qui a plongé Haïti dans près de 30 années de terreur, reste gravé dans la mémoire collective comme l’une des périodes les plus sanglantes de l’histoire nationale. De 1957 à 1986, de François "Papa Doc" Duvalier à son fils Jean-Claude "Bébé Doc", la nation a vécu sous le joug d’un pouvoir autoritaire, maintenu par la peur, les assassinats, la torture et les disparitions orchestrées par la milice des Tontons Macoutes.
Le choix du lieu n'était pas anodin : le siège de la Fondation Devoir de Mémoire, à Pétion-Ville, un site lourd de symboles et chargé d’histoire, où les murs racontent encore les cris étouffés de centaines de victimes, issues de toutes les couches sociales. Plus d'une cinquantaine de jeunes participants ont ainsi pu découvrir ce pan tragique de l’histoire haïtienne à travers une visite guidée immersive, retraçant les atrocités perpétrées sous le régime des Duvalier, une mémoire douloureuse, mais indispensable.
Moment fort de la journée : la projection du film-documentaire "Le Règne de l’impunité" du cinéaste engagé Arnold Antonin. Avec une force brute et une émotion palpable, le film dévoile les réalités brutales de la dictature, éveillant les consciences et alimentant des échanges passionnés autour de l’impunité persistante.
La culture a également trouvé sa place au cœur de la commémoration. La musique des tambours de Youry Vixamar, vibrante et pénétrante, a donné le ton à des performances artistiques qui ont permis aux jeunes de s’exprimer librement, entre mémoire et création, entre douleur et espoir.
On ne peut parler de cette époque sans évoquer les nombreuses voix étouffées. Des journalistes courageux, comme ceux du journal féministe L’Escale, ont payé de leur liberté leur engagement. Des lieux sinistres, tels que Fort Dimanche, rappellent encore aujourd’hui l’horreur d’un pouvoir sans pitié. Du Nord au Sud, dans chaque province, des familles portent encore le deuil de leurs disparus.
Trente-neuf ans plus tard, alors qu’Haïti est à nouveau plongée dans une crise profonde, marquée par une insécurité extrême, des violences généralisées et une érosion des droits fondamentaux, ce devoir de mémoire prend tout son sens. Les rues se vident de vie, les cadavres s’amoncellent, et l’espoir semble s’éteindre un peu plus chaque jour.
Par cette journée, Le Paradis Haïtien a voulu réveiller les consciences, surtout celle de la jeunesse, pour rappeler que le silence, l’oubli et l’inaction sont les plus grands alliés de l’oppression. Il s’agissait de rendre hommage aux résistants, à ceux qui ont payé de leur vie leur soif de liberté, mais aussi de lancer un appel à l’engagement, pour bâtir ensemble un avenir juste, solidaire et démocratique.
Nou pa dwe bliye.
Nou pa kapab bliye.
Le Paradis Haïtien pa p bliye di Fondation Devoir de Mémoire Haiti, mèsi!
Pou n leve tèt nou, fòk nou sonje.
Pou n sonje, fòk nou aji ansanm!
Production : Le Paradis Haïtien
Texte : Rubson BRUMAIRE
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